Chateauneuf du Pape - Vins - Domaine André Brunel - Les Cailloux

L'arrosage des vignes: un point pratique et théorique

Arrosage

 

 L’arrosage des vignes : un point pratique et théorique 

Les changements climatiques récents, les pénuries hydriques prévues par le GIEC ( groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et le réchauffement de la température, particulièrement estivale, sont autant de raisons de s’intéresser de plus près à la question de l’arrosage de ses vignes. En effet, d’un côté, les restrictions gouvernementales sont de plus en plus contraignantes l’été concernant l’irrigation. C’est le cas par exemple des Décrets de 2006 ou 2017 qui rappellent que l’arrosage des vignes entre le 1er mai et le 15 août est soumise à de nombreuses conditions (certaines AOC, certains cas de stress hydrique etc.) assez strictes, nécessitant des renouvellements d’autorisation de la part des viticulteurs. De l’autre, le stress hydrique perturbe la maturation des raisins quand il ne provoque pas des pertes dans la récolte du fait de la déshydratation des fruits. Tous les viticulteurs doivent donc d’autant plus se poser la question de l’irrigation ou de l’arrosage de leurs parcelles, pour garder en efficience afin de trouver un équilibre dans la balance écologie / rendement des fruits. 

 

Quel besoin hydrique pour quelle vigne ? 

Une vigne n’a pas les mêmes besoins concernant son arrosage selon son âge : un pied jeune nécessitera par exemple davantage qu’un pied adulte. Faisons le point. 

 

Un arrosage différent selon l’âge de la vigne 

 

Un premier point à prendre en compte est l’âge de la vigne. Un conseil valable pour les différentes étapes est celle de la « douche » : il est préférable d’arroser avec de grandes quantités une fois vos vignes, plutôt que d’arroser un peu tous les jours. En effet, il est nécessaire que l'arrosage aille vers les profondeurs sans stagner vers la surface. Attention néanmoins à ne pas abuser de l’arrosage : une vigne trop hydratée peut tomber malade, ce qui se perçoit par les feuilles devenant jaunes.

 

•Un nouveau pied de vigne non planté : lorsque vous plantez une nouvelle vigne, vous devez nécessairement la réhydrater : elle a peut-être passé plusieurs journées sans être arrosée dans un carton ou dans une serre de pépinière. Immergez-la dans un pot d’eau fraîche pendant douze à vingt-quatre heures. 

•Un nouveau pied de vigne planté : une fois le pied planté, il faut arroser cette jeune pousse abondamment, entre cinq et dix litres, afin que les racines de la vigne adhèrent à la terre. 

•Le pied de vigne jeune : lors des premiers mois ou de la première année, il est nécessaire d’arroser une ou deux fois par mois le plant à grandes quantités, pour favoriser la profondeur des racines et éviter que les réserves ne soient pas assez nécessaires lors d’un oubli. 

•Le pied de vigne adulte : une fois que les racines de la vigne seront profondes et installées, l’arrosage sera de moins en moins régulier. Dans l’absolu, l’arrosage naturel, sur la base des précipitations est la meilleure recommandation. Enfin, l’eau de pluie a de nombreux avantages : cette dernière est douce (PH6), ne possède pas de chlore, de fluor et peu de sels minéraux. La vigne s’adapte ainsi aux conditions climatiques, même si un arrosage manuel est parfois nécessaire lors des périodes caniculaires. 

À quel moment de la journée faut-il arroser sa vigne ? 

Bien évidemment, il faudra adapter ces recommandations au cépage, au terroir et à la région concernée. Néanmoins, voici quelques conseils de bon sens : l’arrosage en plein après-midi, lors des pics de chaleur, n’est pas efficient, puisque la chaleur évaporera une grande partie de l’irrigation (sans compter les risques de brûlures des feuilles). L’arrosage de nuit est déconseillé, car l’absence du soleil et la fraîcheur vont sur-hydrater la vigne entraînant des maladies. L’idéal est d’arroser le matin au printemps ou en fin de journée en été. 

À quelle période du cycle du raisin faut-il arroser ? 

Selon l’état de maturation des fruits, le besoin hydrique diffère. En effet, lors de la floraison, une bonne hydratation permet une croissance stable du plant. Lors de la nouaison, une contrainte hydrique aurait un impact peu désirable. La véraison est une période où la contrainte hydrique peut être recherchée selon le type de vin souhaité par le viticulteur : en effet, une déshydratation des baies peut permettre de créer des meilleurs vins de garde. Lors de la maturité du raisin, le niveau d’alimentation hydrique va être déterminant pour le type de vin recherché : plus le fruit sera hydraté, plus il sera acide. Moins il le sera, plus il sera tannique. Lors de la chute des feuilles en post-récolte, il est nécessaire que le pied de vigne ne soit pas trop déshydraté, pour conserver un métabolisme actif constant. 

 

Quelles sont les méthodes les plus efficientes pour irriguer sa vigne ? 

Les méthodes d’arrosage de la vigne sont multiples : néanmoins, plus nos connaissances technologiques avancent, plus l’efficience de certaines méthodes sont mises en avant. Par cette période de réchauffement climatique, utiliser un système permettant la meilleure gestion et la plus grande flexibilité hydrique est primordial. Nous commencerons par passer en revue les différentes méthodes pour s’arrêter sur l’irritation localisée, réputée comme étant, actuellement, la meilleure.

 

•L’aspersion sur frondaison : si cette méthode a l’avantage de nécessiter peu de maintenance humaine et une flexibilité dans la surveillance, surtout si cette dernière est couplée avec un système d’autonomisation, elle présente tout de même une efficience relativement faible. En effet, l’aspersion va perdre en efficacité dès que les conditions météorologiques sont venteuses ou caniculaires : en période de sècheresse, effectivement, les pertes liées à l’évaporation sont trop importantes. La dispersion de l’aspersion va également ne pas être assez localisée et peut trop arroser les feuilles, ce qui abîme le raisin et provoque des maladies. Pour conclure, le coût est trop élevé par rapport aux inconvénients proposés par cette méthode. 

•L’irrigation à la raie : cette méthode présente encore une efficience faible : l’évaporation en période de sécheresse est toujours trop importante et l’installation du matériel va abîmer les couches supérieures de la terre, ce qui fragilise le terroir. De plus, l’arrosage ne sera pas uniforme sur toute la parcelle et cette méthode requiert une grande disponibilité de la main d’œuvre humaine pour déplacer les tuyaux d’une raie à l’autre. Néanmoins, cette méthode a pour avantage de ne pas humidifier les feuilles, et un coût d’installation faible. 

•L’aspersion proche du sol : cette méthode commence à relever des bonnes techniques pour une efficience correcte. En effet, l’aspersion proche du sol permet d’éviter d’humidifier les feuilles et les raisins, ce qui minimise le risque de maladies ou de détérioration du raisin tout en proposant une irrigation relativement uniforme, sans impact des conditions météorologiques venteuses, le tout pour un coût relativement faible. Néanmoins, cette technique n’est pas parfaite : la surveillance humaine est complexe et l’entretien est chronophage, car le matériel présente le risque d’être abîmé par les machines lors des différentes étapes de récolte du raisin. La canopée et l’enherbement des parcelles doivent être parfaites pour que l’aspersion proche du sol soit la plus efficiente possible. 

L’irrigation localisée ou le goutte à goutte 

La méthode recommandée de référence depuis maintenant plus de trente ans pour l’arrosage des vignes est le goutte à goutte aussi appelée irrigation localisée. D’après la Chambre d’Agriculture, c’est la technique avec la meilleure efficience. Si quelques inconvénients demeurent, comme le stockage hydrique qui doit être conséquent, la maintenance complexe, la nécessité de posséder un filtre de qualité et l’importance du système de pilotage, les avantages sont nombreux. En effet, le pompage ne revient pas très cher, les feuilles et les raisins ne risquent pas d’être humidifiés par l’arrosage, qui est uniforme sur toute la parcelle. Le matériel, discret, ne risque pas d’être abîmé lors des passages des machines. Enfin, cette technique peut être couplée à des avancées technologiques comme la gestion de l’arrosage via une application ou un contrôle des flux ou de la qualité de l’eau par autonomisation. 

 

Le système du goutte à goutte a également l’avantage de s’installer assez facilement : grâce à une mini-pelle, il faut creuser des tranchées, monter des stations d’alimentation se raccrochant aux peignes préalablement déroulés. L’installation des rampes, la pose d’un volucompteur se font par la suite, pour finir par reboucher les tranchées. Des prestataires peuvent s’en occuper mais une équipe de viticulteurs peut également s’y atteler seule. 

 

Les stocks utilisés pour le goutte-à-goutte sont d’autant plus efficaces lorsqu’ils proviennent de récolte d’eau de pluie. En effet, cette eau, plus douce en PH et moins modifiée, rappellera au vigne l’arrosage naturel des précipitations. Pour ce faire, il est possible de recueillir les précipitations sur le domaine par des méthodes de collecte, comme les citernes ou les cuves. L’avantage du stock d’eau de pluie est la possibilité de continuer à arroser pendant les périodes de restriction gouvernementales, surtout l’été. 

 

Pour conclure, les choix pour l’arrosage du vignoble doivent être déterminés par des soucis d’efficacité, de gestion, de rendement et de sobriété écologique. L’irrigation localisée est celle qui permet le mieux de contrôler le débit sans abîmer les feuilles et de s’adapter au mieux aux différentes étapes de maturation du fruit sans nuire à la production ainsi qu’aux changements de température. 

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Parution : 06/12/2022

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